En Allemagne, en 2022, le lait produit par des vaches nourries sans OGM représente près de 78% du lait vendu selon l’organisation « Verband Lebensmittel ohne Gentechnik e.V » (VLOG), qui délivre la certification « sans OGM » [1]. Sur ces 78%, 73,4% est issu de l’agriculture conventionnelle et 4,3% de l’agriculture biologique. Comme dans d’autres États membres de l’Union européenne, la part du lait de vaches nourries sans OGM a fortement augmenté ces dix dernières années en Allemagne [2]. Il y a dix ans, cette part était en effet inférieure à 10%.
De manière plus générale, le marché alimentaire « sans OGM » s’est beaucoup développé ces dernières années en Allemagne. Outre le lait, ce sont les secteurs de la viande de volaille et des œufs qui sont les principaux moteurs du marché. En 2022, les consommateurs allemands ont dépensé près de 16 milliards d’euros pour les produits alimentaires « sans OGM », la part la plus importante étant consacrée au lait et aux produits laitiers (11 milliards d’euros) [3].
<media2977|insert|left|largeur=400|lien>
L’intérêt croissant des consommateurs pour les aliments sans OGM fait écho aux différents sondages qui ont été réalisés auprès de la population allemande. Par exemple, en 2020, un sondage réalisé par Pew Research sur la perception des OGM dans 20 grands pays indiquait que 43% des allemands interrogés ont des doutes quant à l’innocuité des OGM [4]. Un sondage plus récent, réalisé par VLOG en 2023, indique que 58% des allemands interrogés s’opposent à un assouplissement des règles applicables aux OGM [5]. Un résultat qui rejoint d’ailleurs la position exprimée par la majorité des citoyens interrogés dans d’autres États membres de l’Union européenne, en France [6], en Autriche [7] ou aux Pays-Bas [8], entre autres. Enfin, plus spécifiquement sur le label « sans OGM », un sondage de VLOG montre que 81% des allemands estiment que le label « sans OGM » doit concerner tous les OGM, y compris ceux issus des nouvelles techniques de modification génétique [9].
Dans sa proposition législative du 5 juillet dernier, la Commission européenne propose de supprimer l’obligation de fournir une méthode de détection, l’obligation de traçabilité et d’étiquetage (sauf des semences) pour une majorité d’OGM [10]. De l’avis des acteurs de la filière, cette proposition fait peser une menace sur l’existence même de filières agricoles et industrielles sans OGM, biologiques ou non, et remet en cause la transparence et la liberté de choix des consommateurs [11].