Emmanuelle Wargon était, depuis 2015, directrice générale des affaires publiques et de la communication pour le groupe Danone [2]. Cette lobbyiste a pris des positions qui semblent en contradiction profonde avec l’écologie : elle défend l’huile de palme et considère qu’il ne faut pas être dogmatique sur la question des OGM, qu’elle envisage sous l’angle du progrès de la « science ». Pour elle, une position dogmatique, « ce serait un refus de l’innovation et de la science ». Le mot « science », nous l’avons déjà montré à maintes reprises dans nos colonnes, est, dans la bouche des lobbyistes, équivalent à « ne nous embêtez pas avec une réglementation ». La science, dans le dossier OGM, est instrumentalisée par les promoteurs de ces biotechnologies pour éviter les débats de société, pour empêcher tout un chacun de s’emparer des choix de société que la technique impose nécessairement.
Dans son discours aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence, elle développe : « On a dit aux États-Unis l’agriculture issue des OGM est une agriculture extrêmement standardisée, qui réduit très fortement la biodiversité et c’est la raison pour laquelle aux États-Unis, on [NDLR : Danone] sortira des OGM. Ça ne veut pas dire qu’on en sortira systématiquement » [3]. En effet, en 2016, la filiale étasunienne de Danone avait annoncé que « les produits des trois marques phares [de Danone], Dannon, Oikos et Dannimal ne proviendront, d’ici fin 2018, que de vaches qui n’ont eu aucun aliment GM » [4]. Qu’en est-il des autres marques et filiales de Danone ? Ces trois marques ne seraient pas la partie émergée de l’iceberg du greenwashing ?
Critiquée pour cette position, l’entreprise Danone répond : « Nous pensons que l’agriculture durable peut se faire avec ou sans l’utilisation d’OGM". L’entreprise souhaite juste répondre à une demande des consommateurs en augmentation pour les produits sans OGM [5].
Danone confirme, dans une position publiée sur leur site [6] que le choix de produire sans OGM est lié à l’opposition de nombreux consommateurs de consommer des OGM. Cependant, Danone prend soin de préciser : « À cette date, aucun élément indiquant un risque pour la santé du consommateur n’a été identifié ».
De Rugy avale sa première couleuvre
François de Rugy, ministre de la transition écologique, ancien élu vert, l’a défendu au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC : « Moi je vais vous dire, parce qu’il faut être concret, elle a œuvré au sein du groupe Danone pour conduire des transformations » [7], notamment sur les eaux en bouteille. Et pour le ministre, son expérience est très importante et intéressante pour la société. Malheureusement, son action semble avoir eu peu de poids. Danone continue de polluer la planète avec des déchets issus du plastique... Il continue : « son expérience de conduire des transformations, moi, je trouve qu’elle est tout à fait utile pour le gouvernement. C’est d’ailleurs ce qu’a souhaité faire Emmanuel Macron depuis sa nomination, c’est avoir des gens qui ont des expériences dans la vie professionnelle privée, dans les entreprises ».
L’expertise vantée par le ministre ne semble pas faire l’unanimité. Loin de là. Les responsables associatifs ou politiques qui sont montés au créneau considèrent qu’elle n’a aucune expertise sur les sujets dont elle aura désormais la charge, comme le climat et la transition écologique. Ivan le Roy, fondateur de l’Observatoire des multinationales, rappelle en outre que « Danone fait partie des 25 entreprises françaises qui épuisent le plus les écosystèmes de la planète ».